Moyennant une petite préparation, le GR est une sacrée arme en tout terrain. Mais vous savez ce que c’est, on en veut toujours plus… Et comme le point faible de l’auto c’est le couple, Aix Préparation 4x4 et l’ami Clément ont cherché à y remédier… à leur façon !
Le Nissan Patrol GR s’équipe traditionnellement d’un 2.8 Turbo de 115 chevaux et -seulement- 24 mkg, perchés à 2400 tr/min. C’est un peu léger, et c’est pourquoi en tout terrain il est un moteur assez prisé: le 4.2 diesel, sans turbo, de 115 chevaux aussi, mais de 27 mkg à 2000 tr/min. Mouais. Clément a voulu aller plus loin.
Après tout, mettre un 4.2 litres implique un véhicule qui ne soit plus homologué, et donc une machine qui ne tournera que sur terrain privé. Dès lors, pourquoi s’en tenir à un 4.2 litres ? Pourquoi pas quelque chose de… plus velu ?
Clément est un garçon discret. Timide, poli, discret. Mais en mécanique, il a la petite étincelle de celui qui analyse vite et bien, et le savoir faire pour mettre en pratique ensuite. Le résultat est là, devant nous. Une vraie arme.
Les Nissan Patrol ont un long capot. Assez long pour y rentrer tout et n’importe quoi, donc Clément avait l’embarras du choix. Le hasard faisant bien les choses, il va acheter un V8 cubant 6.2 litres. C’est un diesel, car Clément voulait un maximum de couple. Autant vous dire que notre V8 US n’en manque pas !
Ce V8 diesel a été monté sur pas mal de véhicules outre-Atlantique: les Blazer, les Silverado, et même les premiers Hummer. Si c’est pas une bonne carte de visite en terme de tout terrain, ça… Sur le papier, ce V8 est donné pour 132 chevaux et un couple de 33.2 mkg à 2000 tr/min. Ca, c’est avant les réglages maison.
Dans la pratique, on voudrait bien voir la courbe de couple, car le V8 ne cale pas, même en 2° dans une montée très, très… enfin une belle montée quoi ! Le couple maxi serait à 2000 tr/min ? Quelle idée de tourner à 2000 tr ! A 800 tr/min il semble avoir déjà plus de répondant que le 2.8 d’origine à… n’importe quel régime. Et avec un bruit de gros bateau des plus sympathiques évidemment. Le bruit participe à la sensation, il n’empêche qu’il n’y a pas « juste » 132 chevaux, loin de là, mais plutôt dans les 150. Avec un couple infernal et démesuré…
Et le couple, on en profite à 100%, sans perte due au convertisseur de couple de boite automatique : grâce à une entretoise en aluminium dessinée spécialement et qui prend place entre la flex plate du V8 et le volant moteur du GR, Clément a pu conserver l’embrayage, la boite de vitesses, la boite de transfert… bref, toute la transmission du Patrol GR qui est particulièrement endurante.
Puisque mécaniquement Clément a fait de son Patrol GR une arme de guerre, passons à la suite: le châssis et la carrosserie. L’aspect le plus évident du véhicule est qu’il devenu… un pick-up, à l’australienne ! Une manière de donner un superbe look à sa machine, mais aussi de gagner du poids et de l’encombrement. Voici un Patrol qui n’a pas de souci avec son porte à faux arrière. Pas non plus de souci avec l’échappement, grâce à la ligne d’échappement haute -avec clapet. Et puis, malgré les beaux débattements arrière et les roues en 35x12.5 R15, ça ne risque pas de frotter dans les ailes arrière…
En comparaison de l’arrière traité en pick-up, la partie avant semble tellement plus conventionnelle, tellement de série… et pourtant il n’en est rien: Clément a fait là un très beau travail. Un V8 étant par nature moins long qu’un 6 cylindres en ligne, le 6.2 litres et son radiateur prenaient moins d’espace derrière la calandre. Ainsi, l’ami Clément a profité de l’occasion pour raccourcir le capot de 6 cm ! Les ailes avant ont évidemment été retouchées en conséquence. Il faut le savoir, car cela ne se voit pas. Quel boulot ! Il ne restait plus qu’à retirer le pare-choc avant et à raccourcir les longerons du châssis de 8 cm pour avoir un angle d’attaque record.
Si on regarde en dessous, Clément est passé par là aussi. Quand on rehausse un Patrol, on est obligé de descendre un peu la boite, afin qu’elle puisse travailler correctement: il faut bien reconnaitre que ça retire une petite partie du bénéfice de la rehausse. Rien de tout cela ici, puisque notre ingénieux ami a même réussi à la relever. Il a donc gagné en garde au sol mais surtout, il a retiré tout ce qui pouvait accrocher sur les rochers !
Avec tout cela, il n’y a qu’une seule chose qui ne change pas: l’intérieur. Le tableau de bord est strictement d’origine, avec simplement une Cibi de qualité et un tripmaster. A noter cependant quelque chose qui en dit long sur le soin apporté à l’intégration du V8: toute l’instrumentation fonctionne, ce qui n’est pas toujours le cas quand on « swap » un moteur…
Au volant, on n’a plus le même 4x4. Le doux chant du moteur RD28T d’origine a fait place au grondement sourd d’un V8 qui claque un peu plus qu’un autre qui serait à essence. La force tranquille. Un gros nounours. Quoi qu’on fasse, on évolue entre 500 et 1500 tr/min, toujours sur un rapport plus élevé qu’à l’habitude.
En tout-terrain pur, on sélectionne le rapport de boite et on passe l’obstacle sur le ralenti. Il y a même des fois où on passe trop vite, trouvant que le ralenti est trop élevé… Impressionnant ! Une difficulté ? Un petit coup de gaz et la réponse du moteur est instantané, le Patrol bondit. Il ne faut jamais déranger un ours !
Le V8 Diesel se caractérise par sa supériorité à beaucoup d’autres moteurs à bas régime. Conséquence logique, il n’est pas (du tout) conçu pour aller haut dans les tours. On l’apprécie donc dans les zones de trial. Sur piste rapide, son inertie et la relative imprécision des gros pneus n’en font pas le roi des rallye-raid. Mais surtout n’allez pas dire à Clément qu’il aurait mieux valu pour cela un 6.5 turbo-diesel, il serait foutu d’aller en mettre un dans son gros jouet…
Combien de fois n’a t’on pas répété que le Patrol GR était proche de la perfection et qu’il ne lui manquait plus que du couple… Et voilà le résultat : pas m’as-tu-vu pour un sou, le Patrol V8 de Clément est une arme terrible.
Texte & images : Manu Bordonado