On n’a pas besoin de vous expliquer ce qu’est un LJ ou un KZJ. Qui n’a jamais fait de tout-terrain à bord de l’un de ces Toy qui ont pris à la fin des années 80 la succession du BJ40 ? Si cette génération de Land Cruiser a disparu il y a longtemps de nos catalogues européens, elle existe toujours par ailleurs.



Avec la multiplication des normes en tout genre, on ne trouve plus chez nous de véhicule de conception vraiment ancienne encore en vente en concession. Le Land Cruiser Série 70 est sorti en 1984 et va bientôt égaler les 40 ans de vie du FJ40. Sauf erreur de notre part, le Lada Niva est le seul véhicule de la production actuelle à être plus ancien que notre Toy !

Le légendaire Diesel 6 cylindres en ligne 4.2 litres du HZJ était incassable, inusable, infatigable. Ce sont les normes qui ont eu raison de lui. Et importer le V8 turbo-diesel du VDJ n’est pas jouable en Europe. Ainsi, notre exemplaire du jour dispose du V6 apparu sur le FJ Cruiser : c’est un GRJ, un GRJ71 (châssis court).



Ce V6 de 4 litres sera conforme à ses aïeuls : il devrait être incassable. On se rappelle que dans la Lotus Exige il s’équipe d’un compresseur pour offrir 350 chevaux, c’est dire si ici, avec ses 228 chevaux, il ne force pas. Il apporte au GRJ71 un silence inattendu ainsi qu’une certaine mélodie. Seuls les bruits de vent, à partir de 80 km/h, troublent ce calme.

De part sa cylindrée confortable et grâce à sa distribution variable appelée VVT-i, ce V6 offre beaucoup de couple à bas régime. En conduite usuelle, on est en permanence entre 800 et 2500 tr/min. Comme avec un bon vieux diesel de la marque ! C’est un plaisir d’enrouler à bas régime, coude à la portière.



Le capot a été conçu pour recevoir des moteurs longs (les 6 en ligne 1HZ) et des moteurs larges (les V8 1VD-FTV ouverts à 90°). Autant dire qu’avec ce V6 à 60°, on a de la place pour travailler autour. D’autant plus qu’il n’a besoin que d’une seule batterie, contrairement aux Diesel qui nous étaient familiers. Les bougies sont directement accessibles et les filtres aussi. Même le filtre à huile est facile d’accès car il est placé en haut du moteur. On n’a jamais vu aussi pratique !

Parlons un peu carrosserie. L’actuelle face avant a vu le jour lorsqu’il a fallu élargir l’avant pour y glisser les V8. Ainsi, le pont avant est un peu plus large que par le passé mais aussi un peu plus large que… le pont arrière qui n’a jamais été modifié ! C’est imperceptible si l’on ne le sait pas mais on ne voit plus que ça quand on le sait. Notons sur cette version haut de gamme la présence de splendides jantes alu, d’extensions d’ailes et même d’un aileron.



Finition haut de gamme oblige, notre GRJ71 est équipé d’un treuil électrique, caché derrière un cache élégant mais peu pratique à retirer. Il n’est pas sur que les petites fixations de cette protection résistent à un usage régulier. Ce treuil parait en tout cas beaucoup plus puissant et durable que les treuils adaptables que l’on rencontre dans le commerce. La commande de treuil, qui semble échappée d’un FJ40 tant elle semble ancienne, se range dans une jolie pochette.

La porte arrière accueille un jerrican et un porte-roue de secours qui semblent issus là aussi d’un FJ40. La présence du jerrican n’est sans doute pas anodine. Le V6 a un certain appétit (compter 15 litres au 100) et ce châssis court ne permet pas de recevoir les gros réservoirs des GRJ76, 78 et 79 plus longs.



Les équipements intérieurs sont étonnants. La console centrale est un frigo, la boite à gants est réfrigérée, il y a un GPS d’origine avec Bluetooth, des placages façon bois verni et notre exemplaire a même la recharge du téléphone par induction mais… il n’y a pourtant ni vide-poches, ni compte-tours ni même de moquette !

Les sièges sont plus agréables que dans le passé mais ils ne sont plus suspendus comme c’était le cas auparavant. Dommage pour votre dos ! Le confort, avec des ressorts avant très durs et des lames à l’arrière, s’apparente à celui d’un Suzuki Jimny. C’est une voiture avec laquelle on pourra faire du raid (ou de la compétition) sans avoir à durcir la suspension. Ce n’est pas une voiture pour aller faire ses courses en tout cas : le châssis court ne prévoit bien entendu pas un grand coffre en configuration 5 places.



En échange, le GRJ71 prend peu ou pas de roulis en virage. Ca n’est pas pour autant que l’on pourra rouler à grande vitesse car même si la tenue de route a progressé en presque 40 ans de carrière, la direction a gardé la même démultiplication qu’en 1984 ! Il faut faire un paquet de tours de volant à chaque virage, sur un itinéraire sinueux.

Il s’agit d’un 4x4 enclenchable, comme aux origines du Land Cruiser. Comprenez qu’en l’absence de différentiel central, on roule sur route avec les seules roues arrière motrices. La tenue de route est malgré tout plus saine que par le passé. D’une part car les pneus sont plus gros et de meilleure qualité, ensuite car notre exemplaire n’a pas de différentiel arrière à glissement limité, ce qui assainit ses réactions. Alors que les 76, 78 et 79 ont des moyeux avant automatiques, le 71 n’en dispose curieusement pas. Le train avant tourne donc en permanence, entrainé via les roues par de simples mains meneuses.



Notre GRJ71 dispose des blocages de différentiel avant et arrière. Des équipements bien connus du monde du 4x4 mais disponibles sur assez peu de modèles. Il dispose également du contrôle de la pression des pneus, de l’aide au démarrage en côte et même du contrôle de stabilité. Ce point là est une révolution, on n’avait jamais vu cela sur un 71 !

Le Toyota Land Cruiser GRJ71 est l’un des derniers 4x4 purs et durs encore produits. C’est aussi un étonnant mélange entre une voiture neuve et une voiture qui a 40 ans. Son habitabilité limitée et son prix une fois homologué chez nous achèvent d’en faire un véhicule aussi improbable que génial !

Texte & photos: Manu Bordonado



Avec tous nos remerciements à Sea Land Safari pour la qualité de leur accueil ainsi que pour le prêt de ce Land Cruiser tout neuf. Si vous rêvez vous aussi d'avoir le même (ou un GRJ76, un GRJ79, un Tacoma...), n'hésitez pas à les contacter, ils se feront un plaisir de vous renseigner, d'importer le véhicule chez nous et de se charger de son homologation...