Il a 40 ans, il est chef d'entreprise et il est en train de devenir l'empêcheur de tourner en rond du rallye-raid. Rencontre avec Mathieu Serradori.

"Un pilote amateur aux exigences professionnelles" annonce le dossier de presse. Première surprise : contrairement aux pilotes qui trustent les premières places en rallye tout-terrain, Mathieu Serradori ne fait pas QUE ça de ses journées. Avec sa soeur et son cousin, il est aux commandes de l'entreprise familiale dans les travaux publics.

Mais dans son coeur, les sports mécaniques sont en bonne place depuis toujours. Après 3 Dakar version Amérique latine à moto, il passe au buggy 2 roues motrices. Depuis il ne cesse de monter en puissance, commençant à gêner les usines peu habituées à cela. Un peu comme le faisait Jean-Louis Schlesser à l'époque. Il n'y a pas de hasard : Schless' est devenu en quelques années son mentor.

En 2014, cela commence avec un buggy Predator X18. Dès le rallye du Maroc 2015, il est en tête de l'épreuve, mais doit abandonner sur souci mécanique. L'histoire prend forme, et le jeune Serradori Racing Team (SRT) décide de faire construire un autre buggy, plus ambitieux, à Lionel Constant : le LCR 30. Dans le même temps, le varois remporte la catégorie 2 roues motrices du rallye du Maroc 2016.

Le LCR 30 est un bel outil, et à son volant Mathieu Serradori termine 3ème au général sur l'Africa Eco Race 2017. Il décide alors de se frotter au gratin en participant à une manche du championnant FIA, avec une 6ème place à la clef. En 2018, Mathieu remporte l’Africa Eco Race face à Vasilyev et sa Mini. En 2019, il s’aligne à nouveau sur le Dakar sauce latino mais ne verra pas la ligne d’arrivée.

L’écurie familiale continue à avancer ses pions et se rapproche de Century Racing, constructeur sud-africain. Pour tester le CR6 nouvellement acquis, un très bel outil sur lequel nous reviendrons, l’équipe s’aligne sur le Silk Rally puis sur le rallye du Maroc 2019. Mathieu Serradori et Fabian Lurquin bousculeront les références et finiront sur le podium au Maroc, lorsque le véhicule est mis hors jeu en raison d’un poids trop faible. Mais la performance est là… Il était évident que ce galop d’essai -réussi- face aux favoris ne pouvait rester sans suite.

SRT s’aligne donc dans quelques heures sur le Dakar nouvelle formule. Un Dakar sur un nouveau continent, et donc sur un terrain que les favoris ne connaissent pas trop, eux non plus. Un Dakar qui promet un retour aux sources avec plus de navigation. Le team engage son équipage habituel avec le CR6, mais également son second équipage sur l’ancien LCR 30. Quand on sait que le CR6 a encore été amélioré depuis le rallye du Maroc…

16 personnes de l’écurie, managée par le père Gérard Serradori, seront présentes en Arabie Saoudite. Mathieu Serradori promet que son seul objectif est de donner le meilleur. Julien Hardy, concepteur du CR6, sera présent en appui technique. Jean-Louis Schlesser, lui, rappelle que « beaucoup savent piloter mais cela ne suffit pas. Mathieu a l’intelligence de la course et c’est quelque chose de rare ». Tout le monde est prévenu.