A l’instant ou le Koleos quitte le catalogue du constructeur par la petite porte apparait le Renault Kadjar. Qui ne le remplace pas, mais qui tient le rôle de grand frère du Captur. Donc le cousin du Qashqai. Vous me suivez ?

Faisons simple: ce Renault Kadjar est une totale nouveauté dans la gamme Renault: c’est l’équivalent du Qashqai de Nissan. Il est donc plus petit que le Koleos, qui pour sa part s’apparentait un peu plus à un X-Trail. Nous n’avons pas osé demandé si Kadjar voulait également dire quelque chose en grec ancien ou dans une autre langue, comme c’était le cas pour le Koleos !

Donc voilà, c’est officiellement dit, le Renault Kadjar utilise la nouvelle plate forme CMF C/D, commune au nouveau Renault Espace, au Qashqai et au X-Trail. Et si 60% des pièces sont communes avec le Qashqai, 95% des éléments visibles sont spécifiques. On retrouve donc le choix entre une simple traction avant et la transmission intégrale 4x4 All-Mode, et des motorisations connues.

La gamme propose un petit TCe 130, le traditionnel dCi 110 (disponible également en boite à double embrayage EDC) aux émissions de seulement 99g et le dCi 130, le seul à être disponible en 4wd. On devrait l’année prochaine trouver des TCe et dCi de 160 chevaux… On n’a pas besoin de vous expliquer qu’on a choisi un dCi 130 4wd, si ?

Si les versions 2 roues motrices bénéficient du système Extended Grip, la version 4wd s’en passe curieusement. Mais elle dispose de la transmission All Mode: 2wd, Auto et Lock. Comme vous le savez si vous nous lisez régulièrement, la position 2wd ne sert à rien à part à satisfaire les inquiets: dans la réalité la position Auto reste elle aussi en 2 roues motrices 99% du temps. Ca n’est pas dur à vérifier, puisqu'on peut afficher au tableau de bord la répartition du couple pendant qu’on roule… La position Lock verrouille la répartition à 50-50% et se réserve aux endroits plus escarpés. En cas d'oubli elle repasse sur Auto dès que l’on dépasse les 40 km/h. La motricité est très bonne, comme sur les cousins Nissan bien entendu.

En ce qui concerne les endroits les plus escarpés, la cause est vite entendue: l’angle d’attaque est de seulement 18 degrés, ce qui exclut toute possibilité de trial. Pour cela, il y a dans le groupe Renault des véhicules un peu plus adaptés… Et puis, il n’y a ni réducteur ni rapport rampant. C’est un crossover, pas plus. Le dCi 130 est de toute manière trop creux à bas régime, en tout terrain.

Une fois revenu sur la route en revanche, on ne juge plus du tout le Renault Kadjar de la même manière. Pour commencer, le couple est ici suffisant (on n’utilise plus les sous-régimes que la conduite tout terrain exige). La puissance est d’ailleurs elle aussi suffisante, puisque le Kadjar dCi 130 et ses 6 rapports peuvent rouler à des allures à faire friser la moustache d’un gendarme: près de 200 compteur… Ca suffira non ?

Une Renault, c’est une vieille tradition: un compromis confort/tenue de route de haute volée. Comprenez, une voiture qui tient très bien la route avec un confort cité en référence. Les réglages sont ici différents de ce qu’on a l’habitude de trouver, pour deux raisons: les clients du Kadjar sont plus jeunes que pour la Mégane par exemple, et proviennent souvent de marques étrangères, aux suspensions plus fermes. Le Kadjar s’adapte et offre lui aussi une suspension plus ferme que de tradition. Ca n’est pas désagréable du tout, surtout que le confort n’en pâtit pas: les sièges sont très agréables et compensent bien… Et le véhicule est silencieux. La tenue de route, elle, est tout sauf pataude ! On valide.

Même si ça n’est plus le slogan, les Renault sont des voitures à vivre, pour tous les détails que l’on apprécie au quotidien… ou pas. Car ici, on a trouvé quelques défauts. C’est entendu, le tableau de bord est d’un look assez flatteur et les matériaux directement accessibles sont d’un toucher agréable. La sono Bose est agréable. Mais ensuite, ça se gâte un peu. On vous répète qu’on est spécialement attentifs à cela car en principe les Renault se distinguent de la concurrence en la matière. Or il y a quelques éléments d’ergonomie à reprendre.

Seule la vitre électrique du conducteur a une descente et une remontée automatique. A peu près n’importe quelle concurrente propose cela sur les quatre vitres. Quel montant Renault a pu bien économiser sur un point pareil ? Toutes les fonctions du régulateur/limiteur de vitesse sont sur le volant sauf… le bouton marche/arrêt, qui est derrière le levier de vitesse. Certes, c’est souvent comme ça chez Renault mais pourquoi ne pas regrouper les commande et mettre cela au volant comme chez les autres constructeurs ?

Enfin, nous apprécions depuis sa sortie les qualités du système multimédia R-Link, et ses applications dont nous vous avons déjà parlées, comme le Coyote ou le R-Sound System qui « imite » de manière spécialement convaincante la sonorité de modèles sportifs. Ici, nous sommes face au R-Link II, comme sur le nouveau Renault Espace, et c’est encore moins intuitif que sur ce dernier. Par exemple, seul le conducteur pourra, par le satellite au volant, changer facilement de plage musicale: le passager devra passer par pas mal de menus avant d’y arriver… Même chose pour la navigation (performante et très agréable à utiliser par ailleurs): il manque des boutons de raccourcis... Comme chez la concurrence !

Il y a aussi beaucoup de choses que nous avons apprécié. La banquette Easybreak (déjà vue chez d’autres) est un bon exemple, qui permet de rabattre d’un seul geste depuis le coffre les dossiers de la banquette arrière (l’assise reste malheureusement fixe). On peut également sur les finitions luxueuses rabattre le siège passager avant… On a aussi la lecture des panneaux de signalisation (qui informe automatiquement le limiteur de vitesse), le freinage actif d’urgence capable de se jeter sur les freins à votre place en situation d’urgence, et le très efficace Easy Park Assist qui se garera à votre place. Que ce soit en créneau, en épi ou en bataille…

Le Renault Kadjar ne remplace pas le Koleos, nous dit-on. D'ailleurs, ce dernier était fabriqué dans les usines Samsung en Corée, tandis que le Kadjar sera produit en Espagne. Mais pas que: il sera également fabriqué et vendu en Chine à travers un partenariat avec Dongfeng...

Agréable à conduire au quotidien comme sur de plus longs trajets, le Renault Kadjar offre en prime un look vraiment sympa. Et si l'on tient à rouler français mais que l'on cherche un crossover, on a enfin une alternative sérieuse au 3008 et à son look particulier... qui en prime n'offre les 4 roues motrices qu'en version hybride, beaucoup plus chère.

Texte: Manu Bordonado
Photos: Manu Bordonado & constructeur