Ford est en train de prendre un sacré virage en passant chez nous d’un constructeur généraliste (15 modèles au catalogue en 2018) à celui d’un constructeur Premium (seulement 6 modèles au catalogue 2024). L’arrivée du Bronco chez nous va dans ce sens.
Ford sera désormais beaucoup plus… américain. Oubliez les modèles grands publics de type Fiesta, Focus, etc. Maintenant, on aura en grande partie des véhicules sportifs comme les
Mustang ou des véhicules « hauts » comme les
Puma,
Ranger,
Explorer ou… ce nouveau Bronco.
Les européens ne connaissent pratiquement pas le Bronco, ce 4x4 qui porte un nom de cheval et qui est apparu dans les années 60, à peu près à la même époque que… la Mustang. Entre 1966 et 1996, 5 générations et un millions d’exemplaires ont été diffusés. C’est cependant la première fois que ce véhicule va être importé officiellement chez nous. Avec son look de Bronco premier du nom mais aussi de
Wrangler et de
H3, il ne laisse clairement pas indifférent.
Vous l’aurez aisément deviné en découvrant les images du Ford Bronco, il s’annonce d’ailleurs comme le gros concurrent du Jeep Wrangler. Châssis séparé, pont rigide à l’arrière (triangulé à l’avant), il est bâti comme un vrai 4x4. Et comme son rival, il est possible de retirer le hard-top en plusieurs parties (ainsi que les portes dans les pays qui l’autorisent) et de profiter d’un cabriolet 4 portes 5 places. Qu’il y ait ou non le hard-top, les portes sont sans encadrement : c’est plus classe que sur ledit Wrangler !
Sous le capot, on trouve un V6 de 2.7 litres qui profite des meilleures technologies : multisoupape bien entendu, injection directe et biturbo. Avec 335 chevaux et un couple de 57.4 mkg, il ne manque absolument de rien. Il a le bon goût d’être secondé par la boite automatique 10 rapports bien connue de la marque.
Deux finitions sont disponibles. La première s’appelle Outer Banks et est plus simple et moins coûteuse que la Badlands, plus complète côté mécanique et équipements comme nous allons le voir. Ainsi, la version Outer Banks ne dispose pas de la position 4A (4 roues motrices permanentes) et devra se contenter de rouler en 2 roues motrices sur route.
Bronco : nom masculin, cheval indompté. Avec 335 chevaux et un pont rigide… On comprend mieux. Les amateurs de Mustang ne seront pas dépaysés ! Avec le sélecteur de conduite positionné sur Sport, c’est très drôle malgré un châssis pas conçu pour ça. De toute façon, malgré la puissance du Bronco, la vitesse n’est annoncée qu’à 161 km/h. Soulignons que la sonorité du V6 est franchement réussie.
L’intérieur du Ford Bronco est orienté véhicule d’aventure. Pour autant, il apparait un peu moins rustique que le Jeep Wrangler, en témoigne sa moquette qui le rend plus… civilisé. Il est vraiment typé américain, avec notamment un seul commodo côté gauche qui regroupe à la fois clignotants et essuie-glaces. Les poignées de maintien sont très bien positionnées. Le GPS s’affiche sur un écran assez grand. La lisibilité ne s’applique pas aux compteurs. Le compte-tours est une jauge verticale avec un chiffre à virgule. On a bien réfléchi mais on ne connait pas moins lisible que cela !
La version Outer Banks cache une astuce très sympa : le plancher de son coffre avance comme un tiroir. Pratique pour attraper quelque chose au fond si on a les bras courts ou pour avoir une table de pique-nique à midi. On perd un peu de hauteur de coffre mais ça vaut le coup !
Le sélecteur de la transmission, un gros bouton rond, offre les positions 2H, 4H, 4L et sur la version Badlands la position 4A (l’appeler Auto aurait sans doute été plus clair pour le néophyte).
Un autre sélecteur permet de sélectionner des modes de conduite qui agissent sur le Bronco. Attention à ce sélecteur qui touche à tous les paramètres de l’auto : si sur piste vous repassez en mode Normal par exemple, le Bronco remet la transmission sur 2H (2 roues motrices) ! Le mode Sport de la version Outer Banks est remplacé sur la version Badlands par un mode Baja (piste rapide). L’occasion de rappeler que le Bronco a gagné la Baja 1000 en… 1969 !
Le Ford Bronco dispose d’un coefficient de réduction assez important. En bon franchisseur, le véhicule avance très lentement en boite courte (position 4L, 4 Low). Cela lui permet de passer sur un filet de gaz dans les secteurs trialisants. Mais on n’hésitera pas à rester en boite longue (4H ou idéalement 4A) en balade, ce sera plus agréable car sinon la transmission tirera trop court.
La version Badlands peut, outre sa transmission plus évoluée, profiter de nombreux équipements dédiés au franchissement : il y a 3 blocages de différentiel, un équipement qui reste rare dans le monde du 4x4. Le bloc avant ne s’active qu’en boite courte. On peut également compter sur la barre antiroulis avant déconnectable à condition de rouler en dessous des 32 km/h.
Petite exclusivité : le Bronco Badlands, encore lui, dispose d’un système de freins séparés sur les roues arrière appelé Trail Turn Assist. Enfoncez le bouton, braquez les roues avant, et le Bronco fait le reste ! Sauf erreur de notre part, c’est le seul 4x4 à proposer un tel système qui permet, vous l’aurez compris, de diminuer le rayon de braquage en trial.
Enfin (on aurait peut-être dû commencer par là…) cette finition dispose d’une meilleure garde au sol, de boucliers en acier avec de solides anneaux de remorquage et de barres de protection latérales en lieu et place des marche-pieds. Avec ses porte-à-faux réduits, le Bronco passe partout. Cerise sur le gâteau : cette version dispose d’un pré-équipement électrique pour de futurs accessoires : 6 interrupteurs auxiliaires, positionnés au plafond, y sont dédiés.
La version Badlands privilégie les extensions d’ailes noires, non peintes. Elles abritent des roues ramenées de 18 à 17 pouces et chaussées des incontournables BF Goodrich All Terrain. Comme les jantes sont plus petites, les freins sont (beaucoup) plus petits puisqu’on se contente alors d’étriers à simples pistons. Sur cette version, les amortisseurs sont des Bilstein à bonbonnes séparées.
Ford annonce que le Bronco ne sera disponible chez nous qu’en un nombre d’exemplaires limité. C’est assez clairvoyant car, en l’absence de toute hybridation, les émissions CO2 sont importantes et l’écotaxe… assez dissuasive !
Malgré un châssis séparé, un pont rigide, un gros moteur… bref, ce dont on aurait besoin pour remorquer un char d’assaut… le Ford Bronco ne peut remorquer que 1000 à 1250 kg. C’est suffisant pour tirer le jet-ski du fils ou la moto-neige du père, mais ça ne suffit pas pour le cheval de la mère ou la vieille Mustang du tonton. On a du mal à comprendre pourquoi le Bronco a une moindre capacité de traction qu’un Duster 4wd…
Un 4x4 pur et dur, capable d’affronter toutes les situations, y compris les passages trialisants : cela existe toujours et c’est une excellente nouvelle. Le Ford Bronco est une bouffée d’air frais dans ce milieu, un vrai véhicule coup de coeur qui donne la banane.
Texte : Manu Bordonado Photos : Manu Bordonado & constructeur