Années 40 : la Willis MB est le premier 4x4 moderne de l’histoire même si elle ne porte pas encore son nom. 80 ans plus tard, le Wrangler est l’un des premiers 4x4 de franchissement à passer à l’hybride rechargeable. Avec succès ? Nous avions besoin de vérifier.
Oui, vérifier. L’avenir de l’automobile passe sur décision de nos politiques par l’hybride et/ou l’électricité mais aucun vrai 4x4 ne s’y convertissait pour l’instant. En conséquence directe, une offre 4x4 qui se réduit comme peau de chagrin. Accueillir le nouveau Jeep Wrangler 4xe est donc pour nous une vraie bouffée d’air… pur.
Sous le capot aux prises d’air factices, on ne trouve pas de Diesel, pas de V6, pas de V8… le 4xe se veut politiquement correct. C’est donc le 2.0 Turbo de 272 chevaux et 40.8 mkg qui occupe l’avant du véhicule. Il est associé à une boite automatique à 8 rapports d’origine ZF. Elle utilise un moderne embrayage multidisque et non plus un convertisseur de couple, sans doute incompatible avec le système hybride.
C’est à l’intérieur de la boite auto que l’on trouve le moteur électrique. Il produit 145 chevaux et offre un couple de 25.0 mkg. Cela lui permet d’animer le Wrangler sans avoir forcément recours au 2 litres turbo. Les batteries, étanches, sont garanties 8 ans et se trouvent sous la banquette arrière. Voilà qui explique que la version 4xe n’existe qu’en châssis long « Unlimited » : il n’y a pas de place pour les batteries dans les châssis courts… Le réservoir d’essence a été lui aussi raboté et ne contient plus que 65 litres au lieu de 80.
En raison du malus fiscal, les autres motorisations ont été retirées du catalogue. Et comme nous venons de voir que le 4xe n’existe qu’en 5 portes, le châssis court a donc disparu du catalogue chez nous, pour notre plus grande tristesse. Mais il faut bien admettre que 80% des exemplaires vendus étaient de toute manière des Unlimited.
En combinant les différents moteurs, cette version aux logos bleutés peut maintenant compter sur 380 chevaux et 65.0 mkg de couple. Un record pour un Wrangler… Le tout avec des émissions de CO2 réduites à 79g, soit 70% en moins ! Finalement, l’électrification a peut-être du bon !
Durant notre essai, nous avons mesuré une autonomie en tout électrique de 45 km. Un bouton e-Coasting permet d’avoir un gros frein moteur et de récupérer un maximum d’énergie à chaque lever de pied. En dessous de 25 km/h, un bruiteur au son peu agréable permet d’annoncer l’arrivée du véhicule aux piétons. A plus vive allure, l’absence de bruit de moteur permet de… beaucoup mieux entendre les bruits de vent. Certes, on n’a jamais acheté un Wrangler pour sa finesse aérodynamique…
La version 4xe pèse environ 200 kg de plus que les précédentes versions thermiques, principalement en raison du pack de batteries bien entendu. Cela rééquilibre les masses puisque cette surcharge repose quasiment intégralement sur les roues arrière. Mauvaise nouvelle toutefois : on peut remorquer un peu moins de 1600 kg, soit 900 kg de moins qu’avant ! C’est très peu pour un 4x4. La transmission offre toujours le choix sur la route entre propulsion et 4x4 permanent. C’est le seul 4x4 actuel à le proposer.
Le Jeep Wrangler 4xe dispose des aides à la conduite les plus récentes. On notera par exemple les caméras arrière ET avant qui permettent de placer le véhicule au millimètre. Le régulateur de vitesse adaptatif ne nous laissera pas un aussi bon souvenir : il est un peu brutal et il se montre en conséquence peu économe.
Mais on n’achète pas un Wrangler, THE icône of the 4x4, l’un des deux derniers véhicules à disposer de deux ponts rigides, pour se contenter de ne faire que la route. D’ailleurs, le système hybride est totalement étanche et la profondeur de gué maximale reste à 76 cm. Si ça n’est pas une invitation à la découverte des lieux inhospitaliers, ça…
Le Wrangler 4xe est disponible en finitions Sahara et Overland mais elle existe surtout en Rubicon. Cette dernière se distingue toujours par ses blocages de pont, ses ponts renforcés, son réducteur au rapport plus important, sa barre antiroulis avant déconnectable et une monte pneumatique en 17 pouces profil Mud au lieu des 18 pouces à profil routier : c’est la version rêvée par tous les amateurs d’aventure ! Elle se reconnait à son adhésif bleu et noir sur le capot.
Pas besoin de revenir sur les capacités en franchissement du Wrangler, surtout lorsqu’il s’agit du Rubicon : il fait partie des références du genre. La boite courte est… très, parfois trop courte et il n’est pas forcément facile de doser l’accélérateur car l’essence vient en renfort de l’électrique dès que l’on appuie un peu. 380 chevaux, il faut apprendre à les dompter ! Aussi, on choisira parfois de rester en boite longue : le couple disponible le permet.
C’est un plaisir de balader dans la nature, en douceur et sans le bruit du 2 litres essence, dont le son est de toute façon éloigné de ce que l’on attend d’un véhicule américain. En dessous de 25 km/h, un bruiteur annonce notre arrivée et il n’émet malheureusement pas un son très agréable lui non plus mais le résultat est là : il est spécialement plaisant de randonner au volant de ce véhicule iconique et maintenant -relativement- silencieux.
Le coffre n’est pas aussi grand que celui d’un Land Cruiser mais il comporte deux rails sur lesquels on peu fixer l’un des 6 anneaux de fixation qui sont rangés dans la porte arrière. Super malin, super pratique !
Tout aussi pratique : la prise de recharge se trouve côté conducteur, à proximité du rétroviseur. Elle est en hauteur et ne devrait pas souffrir d’une utilisation tout-terrain. 5 LED permettent de surveiller la recharge sans avoir à monter à bord.
L’intérieur n’évolue pas. Ce n’était pas nécessaire puisque le Wrangler « JL » reste un véhicule relativement récent. Outre les informations relatives à l’hybride dans les cadrans, on note l’apparition des touches permettant de sélectionner les modes de conduite. Ces dernières sont sous le volant, côté gauche, et ne sont pas très accessibles. Par chance, la gestion des énergies (passage d’une énergie à une autre en fonction des circonstances) est intelligente et discrète. On n’a donc pas d’intérêt à changer manuellement de mode… Curieusement, les vitres arrière n’ont pas de fonction séquentielle et la fonction ne concerne que la descente pour celles de l’avant. Quel constructeur fait encore comme ça en 2022 ? Bon. On lui pardonne car on dispose d’une prise de 230 volts 150 watts.
Le marché actuel compte seulement trois 4x4 iconiques : le Mercedes G, le Land Rover Defender et le Jeep Wrangler. Même si le 4xe est sensiblement plus cher que les modèles qui l’ont précédé, il reste moins cher que ses deux concurrents. Et si c’est le plus rustique, c’est aussi celui qui a le plus de sex appeal ! Et puis, c’est LE Wrangler… fabriqué aux Etats Unis, à Toledo, dans l'usine historique. En roulant avec, vous avez l’impression d’être un héros qui libère la Normandie !
C’est finalement ce qui résume le mieux le Jeep Wrangler : le plaisir et la fierté de rouler avec une telle auto, à l’aise en toutes circonstances et par tous les temps. Y compris, désormais, dans les zones à faibles émissions…