C'est un fait, le Mercedes Classe M a les faveurs du public. Mais comme toujours avec le constructeur allemand, le posséder se monnaie au prix fort. La version d'accès en offre t'elle assez ? Le nouveau V8 est-il une référence absolue ? Réponse aux commandes des ML280 CDI et ML500.

Malgré ce que son matricule laisse à penser, le moteur du ML280 CDI n'est pas un proche dérivé de celui du précédent ML270 CDI. La marque a abandonné le précédent 5 cylindres pour lui préférer un V6 plus facile à glisser sous un capot plongeant comme celui du nouveau ML. Ce diesel a une cylindrée de 3 litres et est disponible en deux niveaux de puissance : 280 CDI et 320 CDI. Le précédent ML270 CDI développait 163 chevaux, ce qui était largement suffisant. Mais entre-temps Daimler-Benz a faire grandir son ML : le bébé a gagné 14 cm en longueur et 9 en largeur, d'où un embonpoint de quelques 200 kg . Ainsi, avec 190 chevaux et 44.9 mkg de couple répartis entre 1400 et 2800 tr, le ML280 CDI évite le pire.

Le ML500 utilisait pour sa part jusqu'ici un V8 à simples arbres à cames en tête et 3 soupapes par cylindre développant quelques 305 chevaux, ce qui finissait par faire léger face aux Porsche Cayenne S et autres BMW X5 4.8i. C'est pourquoi une nouvelle motorisation lui a été octroyée. Contrairement à ce que son matricule laisse penser, la cylindrée n'est pas restée à 5 litres mais cube désormais la bagatelle de 5.5 litres. Ce V8 utilise cette fois-ci 4 soupapes par cylindre et offre quelques 388 chevaux pour un couple de 54.1 mkg disponibles entre 2800 et 4800 tr/min. La main de fer ET le gant de velours, en quelque sorte.

Tous les Mercedes Classe M imposent la même boîte automatique, à savoir la fameuse 7G-Tronic. Cette boite 7 rapports se distingue notamment par sa faculté à sauter un ou plusieurs rapports en cas de besoin ce qui, combiné à une excellente gestion, en fait une boite très réactive, très intuitive et spécialement agréable. Nous sommes moins partisans de la manière de la commander : la sélection des rapports se fait par un commodo placé à droite du volant (là où se trouve la commande d'essuie-glace chez les autres) : il faut donner une impulsion vers le haut pour la marche arrière et vers le bas pour Drive, et appuyer au bout du commodo pour Parking. Des boutons cachés derrière le volant permettent un passage manuel des rapports. Mais on les cherche assez souvent, notamment en courbe lorsque le volant n'est pas droit… Cela ne remplace à notre avis pas une bonne paire de palettes ou un classique levier au plancher comme sur le défunt ML270 CDI.

Chez Mercedes on sait recevoir ! Contrairement au précédent Classe M dont la finition n'était pas toujours digne de l'étoile, le dernier en date est au-dessus de tout soupçon en la matière et le tableau de bord présente en prime un dessin fort agréable. Nous avons également apprécié le hayon motorisé, la caméra de recul et l'agrément du GPS (rapide, clair et n'intervenant qu'à bon escient), trois équipements que l'on trouvera au rayon des options. La climatisation automatique est très bien gérée, même si nous aurions voulu pouvoir la régler au demi-degré près. En revanche, point de thermomètre de liquide de refroidissement. Comme ce n'était pas la place qui manquait au tableau de bord et que ce n'était sans doute pas non plus une question de prix de revient, nous avons du mal à comprendre qu'une information aussi importante soit absente…

Dès les premiers tours apparaît une évidence : les 190 chevaux du ML280 CDI lui assurent le minimum en matière de performances : si vous recherchez un SUV capable de vous déplacer par tous les temps d'un point A à un point B, il fera très largement votre bonheur car ses performances absolues sont correctes. Si en revanche vous souhaitez remorquer votre bateau ou profiter des qualités de châssis du Classe M, le V6 sera assez souvent poussé dans ses derniers retranchements. Heureusement, il a dans sa manche un atout de poids : la boite 7G-Tronic qui lui sauve bien souvent la mise par son à-propos.

Bien entendu, le ML500 ne connaît pas ce genre de problèmes. Un simple appui sur l'accélérateur et il s'élance, en tombant un ou plusieurs rapports au besoin. Le tout dans un silence qui oblige à ouvrir la fenêtre si l'on souhaite profiter d'un son que le V8 garde pour lui. Avec de telles performances, les conditions de trafic actuelles et la répression étouffante, il est bien rare que l'on tire sur ce moteur qui du coup nous offre une consommation raisonnable aux vues des prestations : 13.5 L/100 durant notre essai mené sans notion d'économie, c'est assez étonnant pour un 4x4 de près de 400 chevaux !

L'essai du ML280 CDI s'est déroulé par temps sec. La puissance disponible est largement digérée par le châssis, au dessus de tout soupçon. La suspension qui l'équipe (à ressorts acier) propose un très bon compromis confort/tenue de route. Nous avons pu utiliser le ML500 par temps sec puis sous l'orage. Son adhérence est vraiment étonnante, les 4 roues motrices montées en 19 pouces gérant parfaitement les presque 400 chevaux du bébé. La suspension Airmatic de série sur le ML500 allie grand confort et tenue de route étonnante. En courbe, il faudra passer très fort pour déclancher les foudres de l'ESP, même sous la pluie battante. Les limites seront donc fixées par une donnée physique de nos ML : leur poids, que l'on sent notamment en épingles lentes ou lorsqu'on répète de gros freinages.

On le sait, rares sont les clients achetant un 4x4 neuf de ce prix pour l'utiliser en franchissement. C'est pourquoi Mercedes-Benz a relégué dans un Pack Offroad optionnel tout ce qui pouvait être utile à cela : la suspension Airmatic permettant de régler la garde au sol (de série sur le ML500), l'indispensable réducteur, et les blocages des différentiels central et arrière. Avec ceci, du couple à revendre et une excellente boite automatique, nos ML ont de quoi voir venir, surtout si le terrain est sec et que les pneus sont adaptés à l'exercice. Car dans la mesure où les débattements de roue s'apparentent à ceux d'une berline classique, on sait bien que l'antipatinage et les blocages ne suffiront plus une fois dans le gras. En tout cas, nos ML ainsi équipés sont d'authentiques 4x4. L'absence du pack Offroad laisse en revanche un ML trop bas et qui touche trop facilement, et qui oblige à passer un peu plus en force en l'absence de réducteur et de blocage de différentiel. Ce ML sera cependant capable de franchir une difficulté inattendue le jour où elle se rencontrera, ce qui suffit à la quasi-totalité de sa clientèle.

Reste à parler gros sous. Aucune Mercedes n'est bradée, et ces Classe M ne font pas exception à la règle : le ticket d'entrée dépasse les 50.000 euro pour le ML280 CDI et a le mauvais goût de ne pas comprendre l'intérieur cuir. Le tarif avoisine les 75.000 euro pour le ML500, qui pour le coup est parfaitement bien équipé GPS mis à part. La bonne nouvelle, c'est ce que les Mercedes en général et le ML en particulier sont recherchés sur le marché de l'occasion, ce qui devrait vous permettre de récupérer à la revente le surcoût payé lors de l'achat. Au moins avec le diesel.

Certes, le ML n'est pas donné, mais vous en aurez pour votre argent : route, autoroute, piste, franchissement si l'on a le Pack Offroad, il est bon partout. Le ML280 CDI vous déplacera parfaitement si vous n'êtes pas regardant sur les performances, tandis que le ML500 est sans gros défaut, tout en se distinguant par son faible appétit.

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