30 juin : l’AMAM (Association des Médias Auto et Moto) a mis sur pieds une séance de rattrapage qui permet aux journalistes d’essayer les nouveaux modèles sortis pendant le confinement. D’après mon programme, je dois essayer un 4x4 Maserati rouge.
Au premier regard il a l’air joli et un peu plus agressif que le reste de la gamme. Démarrage. C’est idiot mais j’éclate de rire comme Omar Sy dans Intouchable : on vient de me confier un Maserati Levante Trofeo.
Sous le capot, ajouré sur cette version, on trouve le F154, un V8 assemblé chez Ferrari et cubant 3.8 litres. Associé à deux turbos, il développe la coquette puissance de 590 chevaux. Le couple est digne d’un tracteur : 74.5 mkg. Aucun risque de s’ennuyer. Mais reparlons des grondements du moteur : sa sonorité est purement et simplement fabuleuse. De ce côté là, les Italiens n’ont aucune leçon à recevoir !
La boîte automatique est sans surprise la ZF 8 rapports qu’utilise la majorité de ses concurrents. Elle se comporte très bien dans toutes les circonstances et ne nécessite jamais que l’on prenne la main autrement que pour le plaisir. On peut choisir les rapports au levier puisqu’il est réglé dans le bon sens (tirer pour + et pousser pour - afin de suivre le mouvement du corps) mais il y a surtout de belles et grandes palettes métalliques fixes derrière le volant qui sont aussi belles que pratiques à utiliser en conduite rapide.
Le véhicule vit : le V8 fait bouger la caisse, gronde et rend ce monstre dynamique, répondant à la moindre sollicitation. Il l’est encore plus une fois que l’on change de mode de conduite pour devenir alors incroyablement vif... ce SUV Maserati est capable de dépasser les 300 km/h et signe des accélérations météoriques !
Malheureusement, le Maserati Levante n’a absolument rien d’une ballerine, surtout pas le poids. Il pèse assez lourd, on arrive très fort et... les freins ne suffisent pas, ils ont besoin d’aide. Ça passe à peu près au premier freinage car l’ensemble n’a pas encore chauffé mais ensuite c’est un peu compliqué. Et cela sent la plaquette autour de l’auto...
Le poids, surtout quand il est haut perché comme dans un SUV, apporte un autre inconvénient : ça complique pas mal la tenue de route. Le Levante Trofeo, malgré ses positions Sport ou Corsa, ne peut faire illusion. C’est un peu pataud en virage et l’ensemble se désunit lorsque le revêtement n’est pas parfait. Si la chaussée est vraiment en mauvais état et que l’on roule vite, il faut avoir les deux mains sur le volant !
Ceci étant posé, il aurait été dommage de ne pas essayer ce Maserati Levante Trofeo. Son charme évident fait oublier ses défauts : le plaisir de conduire est franchement intense. On ne pensait pas autant s’amuser ! Ce SUV italien est moins abouti qu’un Porsche Cayenne Turbo S mais a beaucoup, beaucoup plus de charme !
Côté look, c’est carton plein aussi. La nouvelle face avant du Levante, les vitres sans encadrement, les écopes sur le capot, la splendide teinte rouge Magma de notre exemplaire d’essai... l’ensemble est assez voyant, très agressif également mais c’est pour ça aussi qu’on l’aimera : cela va avec les grondements pas bien discrets du V8 biturbo.
La suspension pilotée permet de régler la hauteur de caisse selon 5 positions. Il y a également plusieurs modes de conduite, dont… un mode Offroad. Mais pas la peine d’y penser : quoi qu’il arrive, le Levante Trofeo reste assez bas et les pneus ne sont pas conçus pour cela. Oubliez cette idée !
L’équipement est extrêmement complet. Cela doit en partie justifier le poids de la bête et… son tarif. En s’affichant un peu plus de 150.000 euros, le Maserati Levante Trofeo ne se met pas à la portée de toutes les bourses.
Le Levante Trofeo est beaucoup plus Maserati que SUV : inapte à la randonnée et au franchissement, il aime faire entendre ses 8 pistons et coller aux sièges ses occupants. Comme le dit si bien la formule, un tel véhicule ne sert à rien donc il est indispensable !
Texte : Manu Bordonado
Photos : Soufyane Benhammouda et Manu Bordonado