Cet emplacement publicitaire est disponible à la location, contactez nous !
Berliet T100 (exemplaire 4) (1959-1959) | |
Berliet T100 (exemplaire 3) (1959-1959) | |
Berliet T100 (exemplaires 1 et 2) (1957-1958) |
Accueil 4rouesmotrices > Essais routiers > Berliet > Berliet T100 Librairie Berliet Berliet T100 : Essai Milieu des années 50 : c’est la conquête du Sahara algérien, dans lequel on a repéré du pétrole… La France ne sait pas encore qu’elle va perdre ce département. Le plus gros constructeur poids lourd français, Berliet, va alors créer le plus gros camion du monde. Deux objectifs principaux : pouvoir transporter des éléments « indivisibles », c’est à dire très volumineux et très lourds, et… ne pas s’enfoncer dans le sable ! Le Berliet T100 (référence à sa masse de 100t en charge) est développé en quelques mois seulement et présenté au salon de Paris de 1957. Il est si grand qu’il ne rentre pas au Grand Palais et qu’il sera exposé dans un espace spécifique ! Le moteur est d’origine Cummins. Il s’agit d’un V12 de 29.6 litres de cylindrée suralimenté par deux turbos. Ces chiffres, ainsi que sa puissance de 600 chevaux, sont purement et simplement incroyables pour l’époque. Si l’on vous disait que le moteur seul pèse 2.5 tonnes ? La transmission est fournie par Clark, elle est semi-automatique. Elle comporte 4 vitesses en marche avant et… 4 vitesses en marche arrière ! On dispose ici d’une transmission intégrale permanente avec 3 blocages de différentiel : central, avant et arrière (le pont le plus à l’arrière pour être précis). Pour celles et ceux qui ont eu le « plaisir » de conduire un camion Berliet un jour, sachez que le T100 dispose de la direction assistée, lui. Le système est fourni par Messier. Dans le cas où le V12 serait arrêté, pendant un remorquage par exemple, un moteur de Panhard Dyna assure la fonction de groupe de secours. Oui, un moteur de bagnole ! Les dimensions du T100 sont évidemment hors normes, c’est justement ce que l’on attendait de lui. Passe encore pour la longueur de 15.30m, mais la largeur de 4.98m confirme qu’il n’a pas été prévu pour être utilisé sur nos routes : il en utilise toute la largeur ! Mais le pire reste la hauteur de 4.43m, sans souci dans le désert mais qui l’empêcherait de passer sous à peu près n’importe quel pont chez nous. Messier fournit 6 freins à disques multiples de type aviation. Un impératif : en charge, le véhicule peut atteindre les 103 tonnes ! Ca n’empêchera pas un accident se produire un jour avec un T100, comme le montre la photo ci-dessus. La berline placée sur son chemin n’y résistera pas, et seul un bâtiment le stoppera… difficilement ! Pourtant, la vitesse maximale n’est que de 36 km/h. Sans surprise, c’est Michelin qui fournit les pneumatiques spécifiques, aux dimensions irréelles : des 37.5 x 33R. Ils mesurent 2.40m de diamètre, et 1m de large pour avoir la meilleure empreinte au sol possible. 4 exemplaires de ce Berliet devenu mythique ont été construits. L’exemplaire numéro 1 est celui qui a servi aux tests, aux photos et… au salon de Paris. C’est lui qui était présent au Grand Palais… Ensuite, il reçut le nouveau moteur Cummins, qui délivre 700 chevaux au lieu de 600, reconnaissable à sa bosse sur le capot. Il partit pour l’Algérie faire ce pour quoi il avait été conçu. A cette occasion il a été repeint en blanc, et des ridelles ont été ajoutées à son plateau. Il dispose de la climatisation, et d’un poste radio d’une portée de 300km. Depuis l’arrêt de son utilisation en 1969, il se trouve toujours là-bas : il est exposé à Hassi Messaoud. Le temps l’a un peu abimé mais pas autant que ce que l’on aurait pu le redouter. Quelques pièces ont été piquées par des indélicats, mais certains ont pris conscience de la rareté de cette machine et il est maintenant traité avec de plus en plus d’égards. Le second exemplaire a été construit en 1958, un an après le premier. Il est de couleur sable. Il part rapidement rejoindre le premier exemplaire en Algérie, où il fait carrière. En 1980, Paul Berliet et la toute jeune fondation Marius Berliet ont demandé à récupérer cet exemplaire. Après que la Société Nationale Algérienne des Hydrocarbures l’ait offert au musée, il fût rénové en Algérie et pris la direction de la fondation Marius Berliet en 1981… Par la route ! Le troisième exemplaire est différent des deux premiers. Techniquement, ça n’est pas un 6x6 mais un 6x4. Et il ne dispose pas d’un plateau de transport mais d’une benne Marrel. Une benne à l’échelle du T100 bien entendu : 50 m3 ! Avec un poids total en charge de 155 tonnes, c’était l’engin rêvé pour la mine à ciel ouvert d’uranium de Bessines-sur-Gartempe. Et oui, c’était l’époque de la ruée vers le pétrole mais aussi la conquête du nucléaire ! A partir de 1965, il est utilisé pour un chantier autoroutier. Faute d'utilité, le T100 numéro 3 a malheureusement été découpé au chalumeau en 1978 et vendu au poids du métal ! Le T100 numéro 4 est le dernier exemplaire produit. Il est reconnaissable immédiatement puisqu’il dispose d’une cabine avancée 5 places + couchette, infiniment moins jolie (comme souvent chez Berliet). Il dispose d’un treuil Garwood derrière la cabine. Il dispose de la transmission 6x6, avec 2x4 rapports avant et 2x4 rapports arrière. Le V12 Cummins est le moteur 600 chevaux récupéré de l'exemplaire numéro 1. Ce « numéro 4 » va participer à un salon à Tulsa (Oklahoma) puis à une foire à Chicago avant de passer chez Cummins pour recevoir le moteur de 700 chevaux. Il revient ensuite en France après avoir été exposé une dernière fois à New York. A l’exception des traversées de l’Atlantique, il a tout fait par la route, par ses propres moyens. Il participe ensuite aux salons de Genève puis de Bruxelles. Curieusement, c’est le T100 au physique le plus ingrat qui aura servi le plus d’ambassadeur. La marque y installe ensuite une turbine Turboméca d’Alouette II qui développe 1000 chevaux. C’était l’époque où tout le monde s’essayait au moteur à turbine… L’essai ne fut pas plus concluant ici que chez Renault ou Rover, la puissance importante ne compensant pas la consommation. Ce T100 finira lui aussi à la ferraille. Berliet n’avait sans doute pas imaginé une grosse production lorsque le T100 a été conçu. Pour autant, ils avaient certainement imaginé en fabriquer plus de 4 ! La perte de l’Algérie a sans doute pesé dans la balance. Le catalogue prévoyait également une version tracteur de 190t de poids total roulant mais il ne fut jamais produit… Aujourd’hui, il ne reste que les deux premiers exemplaires du T100. Le tout premier est, nous vous le disions, à Hassi Messaoud en Algérie. Et il n’est donc pas forcément facile d’accès pour nous. Le second a été ramené à la fondation Marius Berliet, dont il constitue la pièce la plus impressionnante. Aujourd'hui, le T100 sort exceptionnellement de sa réserve. Grâce à Renault Trucks, Michelin et surtout grâce aux transports Prémat, vous pourrez admirer ce sumo à Rétromobile. Texte : Manu Bordonado
Berliet T100 : Fiche technique
Liens Avis des internautes
|