Dodge ne fabrique pas que des Viper et des Charger. Pour ceux qui ont besoin d’un utilitaire, la marque propose un véhicule… aussi raisonnable que tous les autres modèles de la gamme.

Pour un utilitaire, il est important d’avoir de la place. Manifestement, Dodge le sait et… en tient compte ! Juré, on ne manque pas de place en Dodge Ram. Largeur : 2 bons mètres, qui vous feront remarquer à tous les coups. Hauteur : dans les 2 mètres aussi. C’est mal parti pour les parkings, qu’ils soient publics ou privés. En longueur il y a pas loin de 6 mètres. Ça laisse de la place dans la benne pour les palettes de ciment ou les bottes de paille. Si vous n’en avez pas, vous pourrez avantageusement mettre à la place un jet ski ou un quad. Si ça ne suffit pas, vous pouvez opter pour la benne allongée. Là, ça commence vraiment à devenir long !

Haut, large, long… Pas de secret, le Dodge Ram est lourd. Surtout chargé de ciment ! Du coup, Dodge a été obligé de correctement le motoriser. La peur de manquer, sans doute ! Notre utilitaire du jour va nous emmener au chantier avec son modeste V8, le 5.7 Hemi. Avec près de 400 chevaux et quelques 56.3 mkg, ça devrait suffire si tout va bien. D’ailleurs, ça permettra de tirer une charge... conséquente !

Pour relayer ce petit moteur, les américains n’ont bien entendu pas pensé à autre chose qu’à une boite automatique. Bonne surprise, c’est une unité relativement moderne qui compte 5 rapports. Réactive et réagissant fort à propos, elle dispose d’un convertisseur de couple qui ne patine pas exagérément. Il faut le dire, elle nous a agréablement étonnés durant notre essai. Cerise sur le gâteau, elle dispose d’une moderne commande en escalier (un souvenir de l’appartenance à Mercedes) et d’une commande séquentielle en déplaçant le levier sur la gauche ou la droite. Adieu l’antique levier au volant, sans regret !

Avec une boite auto, on peut garder les deux mains sur le volant et… Ça tombe plutôt bien ! Car le Dodge Ram est un 4x4 enclenchable : déduisez-en que sur route vous ne compterez que sur les seules roues arrière motrices… Certes, on n’achète pas ça pour attaquer sur la route ou sur piste, mais plus pour le rêve américain. Et le rêve est bien là : chaque accélération non dosée pourra se transformer en rodéo si vous avez eu la drôle d’idée de retirer le contrôle de stabilité ! Pendant ce temps, le V8 diffuse une musique totalement enivrante… Quel plaisir !

Le confort est très bon. Bien entendu le véhicule est souple puisque, on vous le répète encore, ce n’est pas une voiture de sport. Mais surtout, il y a un très bon accord entre les suspensions avant et arrière, ce qui n’est généralement pas le cas sur les pick-up. Du coup, on imagine que ça pompera un peu une fois le quad chargé derrière. Mais comme on roule plus souvent à vide qu’en charge…

Il n’y a pas de marche-pieds d’origine, et il n’est pas simple de monter à bord. Mais qu'est-ce qu'on s'y sent bien ! Il faut dire que par la force des choses, on ne manque pas de place à l’avant. Le vide-poches central est d’ailleurs tellement grand que l’on imagine facilement y faire tenir un siège bébé ! A l’arrière en revanche, si la largeur est également de mise, l’espace aux jambes est réduit tandis que le dossier est assez droit : en somme, on ne l’achète pas non plus pour son habitabilité arrière ! Vu la taille de l’engin, c’est un peu décevant.

La qualité ne dépaysera pas les amateurs de véhicules US : en clair, la finition inférieure à celle d’une simple Twingo. L’équipement est par contre très complet : clim’ auto, cuir, sièges électriques, rétroviseur photochrome… Mais il y a aussi, véhicule US oblige, une prise de courant (malheureusement en 110 volts) et la possibilité de mettre en route à distance le moteur à la télécommande et donc de lancer le chauffage ou la clim au besoin ! Les amateurs de Jeep ne seront pas dépaysés puisqu’on reconnait certains éléments (notamment l’autoradio) du Wrangler.

Personne ne fera de franchissement en Dodge Ram. Vraiment personne. C’est prouvé. Testé en laboratoire. Personne n’a idée de faire du franchissement avec un véhicule aussi large et aussi long. Car si la motricité n’est pas mauvaise en pareilles conditions,et encore faut-il avoir des pneus adaptés à l'exercice, il ne passe évidemment nulle part en raison de ses dimensions ! Et de toute manière, le spoiler avant ne tiendrait pas plus de quelques minutes…

Non, le vrai terrain de jeu du Dodge Ram c’est la piste. La piste large, dans la mesure du possible ! Là, on peut lâcher la bride et profiter du V8. Si on retire le contrôle de stabilité, car sinon le véhicule est complètement castré ! Attention si l’on y prend goût : la bête est chaussée de pneus route, inadaptés au gras ou au cassant… Il faudra donc prévoir un jeu de chaussettes adaptées. Irait-on faire du football américain en mocassins ?

On achète un Dodge Ram quand on aime se faire remarqué. Il faut bien admettre que c’est diablement efficace ! Personne ne restera indifférent face à une telle auto. Beaucoup de gens se sont arrêtés pour admirer la bête pendant la séance photo. Mais on a eu aussi à faire face à de la jalousie et de l’agacement face à ce symbole de la démesure : des usagers qui nous gênaient volontairement dans la conduite, surtout en ville, pour le plaisir de nous faire comprendre que nous n’étions pas à notre place. Des claques…

L’achat d’un Dodge Ram n’est pourtant pas déraisonnable. L’entretien est même... raisonnable : la mécanique est fiable, pour ne pas dire éprouvée, et la place considérable sous le capot fait que l’on peut bricoler soi-même. La conso dépendra de ce que vous faites de ce monument, mais sur route elle n’est pas beaucoup plus élevée que certaines berlines : le système MDS désactive 4 des 8 cylindres lorsqu'on n'en a pas besoin... Bref, compter moins de 15 litres. Evidemment, en ville et/ou si l’on en abuse… Reste le prix. Mais là, ce véhicule importé par Import Trader et n’affichant que 40.000 km se monnayait contre un tarif somme toute raisonnable. De quoi en faire hésiter plus d’un(e) !

Le Dodge Ram est gros et puissant et c’est pour cela qu’on l’aime. Mais il nous a aussi démontré son confort et toutes proportions gardées une notion d’économie à laquelle nous ne nous attendions pas. Tant à l’usage qu’à l’achat. Bref, que des bonnes nouvelles !

Texte & photos: Manu Bordonado

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